Le 9 novembre 2018, la ville d’Avrillé (Maine-et-Loire), à l’occasion de la sortie d’un hors-série du Journal municipal, « Avrillé pendant la Grande-Guerre », avait organisé, pour la clôture du Centenaire, une conférence élaborée par un groupe de travail sur ce sujet. Faisant partie de ces bénévoles, notre adhérent Noël MARANDEAU avait donc décidé de parler des Morts pour la France du Monument. aux Morts de cette commune, oui ! mais pas des 41 inscrits, seulement de quatre cas particuliers.
Ainsi, deux noms gravés sur le Monument n’ayant pas eu la mention Morts pour la France n’auraient pas du y figurer. Il ne parlera donc pas d’eux dans cet article et se consacrera plutôt à deux soldats qui ont été oubliés de ce Monument.
Le premier, Louis Péribois, est né à Avrillé en 1876. Après un engagement de trois ans au 2e RIC, il est rendu à la vie civile en 1898.
Mobilisé en août 1914, il rejoint en décembre le 272e RI en Champagne, à Vienne-le-Château. Le 1er janvier 1915, alors dans les tranchées du Bois de la Gruerie avec le 6e bataillon, sa compagnie entonne la Marseillaise et le Chant du départ, ce qui provoque une réaction de l’artillerie allemande. Suite à ce bombardement Péribois est gravement blessé. Evacué vers le Poste de secours puis sur l’Ambulance 6/2 de Vienne-le-Château, il est ensuite envoyé à l’Hôpital auxiliaire 142 bis de Sommières (Gard) où il décèdera de ses blessures le 13 janvier et sera enterré dans le cimetière communal où une stèle porte son nom. Il sera décoré à titre posthume de la Croix de Guerre et de la Médaille Militaire.
Léon Vivien, second oublié, est né en 1891, aussi à Avrillé. En 1912 il est incorporé au 69e RI (Nancy) pour y faire son service militaire. Le 2 août 1914, la guerre le rattrape. De Nancy où son régiment se trouve en défensive, il gagne la Moselle. De septembre à novembre il est dans la Somme, puis de novembre à avril 1915 dans les Flandres. En Champagne, après les combats du 25 septembre, il est blessé en octobre à l’oreille gauche et à la fesse droite. Après la Lorraine en décembre, ce sera Verdun, secteur d’Avocourt en mars et avril 1916. Vivien passe ensuite au 210e RI (de Dijon), sur le front des Vosges. Le 7 août 1916, dans les tranchées de Raon-l’Etape avec le 6e bataillon, alors qu’il est désigné comme guetteur, Vivien est gravement blessé pendant un bombardement. Evacué, il décèdera de ses blessures le 8 août à l’Hôpital mixte de Raon-l’Etape. Il repose dans le carré militaire de cette commune. Lui aussi sera décoré à titre posthume de la Médaille Militaire.
Bien que natifs d’Avrillé et Morts pour la France, ces deux soldats pourtant bien méritants, ne figuraient donc pas sur le Monument aux Morts. Alors pourquoi ? Il essayait ainsi d’expliquer à l’assistance que les actes de décès de ces soldats n’ayant pas été envoyés à l’époque à la mairie d’Avrillé, il eut été difficile de les inscrire sur le Monument.
En conclusion de cette intervention, il disait : « On peut toutefois espérer, que dans ce contexte de commémoration, ces deux soldats retrouveront la place qu’il leur est due sur le Monument aux Morts d’Avrillé. »
Le message fut bien entendu par la Municipalité car en 2019 une nouvelle plaque de marbre fut gravée avec les noms déjà présents, enrichie de ceux de Péribois et de Vivien. En juillet la plaque retrouva son Monument et nos deux oubliés leur place à côté de leur frères d’armes. Ainsi, à chaque 11 novembre, nos deux Poilus sortiront de l’oubli où ils étaient plongés depuis un siècle.
Certes, ce n‘est certainement pas un cas unique. Bien des soldats furent oubliés et resteront absents à jamais de nombreux Monuments aux Morts, mais il lui importait de faire cette démarche afin de rétablir leur mémoire.
Il est probable qu’un jour prochain on puisse ainsi retrouver d’autres oubliés du Monument.
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